Et si l’opéra devenait un espace d’expression pour celles et ceux que l’on n’entend jamais ? Avec pOpera, la Fondation EME transforme une forme artistique souvent perçue comme élitiste en un outil d’inclusion radicalement ouvert. Ce community opera, en cours de création, réunit réfugié·e·s et résident·es du Luxembourg pour co-écrire, composer et interpréter leur propre production d’opéra. Ici, aucune expérience n’est requise : seule compte la volonté de partager, de s’investir, de vibrer ensemble.

Une co-création de bout en bout

Le processus a commencé en 2023 et suit un calendrier précis mais humain. Dès février 2024, les participant·e·s ont co-construit l’histoire de l’opéra, posant les bases d’un récit collectif. Aujourd’hui, la composition musicale est en cours, tandis que des ateliers de chant hebdomadaires réunissent les membres du projet pour renforcer la cohésion vocale et humaine du groupe. Les répétitions de chœur commenceront en septembre 2025, en vue de la représentation finale le 23 avril 2026.

« Nous avons vu, au fil des mois, une véritable communauté émerger. Les participant·e·s parlent désormais de ‘famille’. Un espace de confiance, d’accueil, de reconnaissance. », raconte Sarah Bergdoll.

Une diversité linguistique et culturelle à harmoniser

Les défis ne manquent pas, à commencer par la barrière des langues : espagnol, arabe, ukrainien, anglais, français… Il a fallu tout traduire, souvent en temps réel, pour maintenir la cohésion du groupe. « Nous avons mis en place un système multilingue via WhatsApp, avec l’aide précieuse de participant·e·s bilingues. Cette auto-organisation a créé une dynamique de solidarité. »

Des écarts culturels sur la gestion du temps ont aussi été observés – entre ponctualité extrême et retards habituels – mais ils ont été absorbés dans l’esprit bienveillant du projet. L’équipe mise sur la patience, l’écoute et la souplesse pour faire de ces différences une richesse.

Des moments de grâce… et de transformation

Avant même la grande première, pOpera a déjà connu deux soirées de représentation, devant un public de plus de 300 personnes. Les retours ont été bouleversants. « Pour beaucoup de participant·e·s, c’était la première fois qu’ils se produisaient sur scène. Ils étaient fiers, profondément ému·e·s. Et le public l’était tout autant. »

Au-delà de la performance artistique, c’est l’expérience humaine qui transforme. Certains membres du projet arrivent marqué·e·s par des traumatismes, en proie à l’isolement, à la dépression, parfois à des pensées sombres. pOpera, par la musique, leur offre une respiration, une lumière, un sens nouveau.

Une vision à long terme

Après la représentation de 2026, la Fondation EME ne compte pas s’arrêter là. L’objectif est de maintenir le groupe comme un chœur régulier, de lui offrir une structure pérenne, et même d’envisager une tournée nationale pour porter la voix de pOpera dans d’autres lieux et d’autres contextes. « Nous voulons que ce projet laisse une empreinte durable dans la société luxembourgeoise, qu’il contribue à faire évoluer les regards sur la migration, la différence, la cohabitation. »

La devise du projet reflète parfaitement son esprit : « Community Opera : Come and feel the great music and let the opera renew the humanity that dwells within us. »

pOpera est un espace où les résidents locaux et les nouveaux arrivants – qu'ils soient réfugiés ou simplement nouveaux au Luxembourg – peuvent se rencontrer, échanger et s’entraider. Ce mélange est précieux : les locaux peuvent non seulement soutenir ceux qui découvrent la vie au Luxembourg, mais aussi tisser des liens d’amitié et partager des expériences. C’est une initiative qui permet non seulement de s’exprimer à travers l’opéra, mais aussi de créer du lien social et de renforcer le tissu communautaire.

Et pour vraiment saisir l’ampleur de ce que pOpera incarne, l’équipe lance une invitation : « Venez le 23 avril 2026. Venez chanter avec nous, écouter nos voix, ressentir notre histoire. Car l’opéra, ici, n’est plus une fiction figée : c’est la vie même, réinventée par ceux qui la portent. »