Pierre Bley © Krystyna Dul

Le mot du Président

L’année 2020 a été une année exceptionnelle pour l’Œuvre, et ce à plusieurs égards.

D’abord parce qu’elle a coïncidé avec le 75e anniversaire de notre institution ; ensuite parce qu’elle a été l’année au cours de laquelle s’est déclaré la pandémie de la covid-19 et finalement parce qu’elle a servi d’entame à une nouvelle mandature du Conseil d’administration de l’Œuvre.

La décision de commémorer la création, à Noël 1944, par la Grande-Duchesse Charlotte de l’Œuvre qui porte Son nom, et l’établissement du programme des manifestations accompagnant ce 75e anniversaire, témoignent de la volonté des responsables de l’Œuvre d’honorer à la fois la mémoire et les souffrances des victimes de la Deuxième Guerre Mondiale, le formidable engagement bénévole dont ont fait preuve tout au long de son existence les ressortissants de la société civile, ainsi que le travail accompli par leurs prédécesseurs.

Le travail de mémoire, dont relève notamment l’exposition très réussie aux Archives nationales, visait surtout à sensibiliser les plus jeunes générations aux risques que comporte la recrudescence d’égoïsmes nationalistes et de la xénophobie, tendances que l’on peut dénoter encore de nos jours en Europe et dans le monde entier. Il s’agissait également de les mettre en garde contre toutes velléités qui heurtent les fondamentaux de nos démocraties, d’un côté, et de les encourager à s’engager pour défendre des valeurs comme la solidarité et la tolérance, de l’autre.

L’acte solennel de commémoration, célébré le 23 janvier 2020 en souvenir de l’appel à la solidarité entre Luxembourgeois lancé jour pour jour il y a 75 ans le jour de la Fête Nationale 1945, a notamment rendu hommage au formidable succès qu’avait connu cette initiative au bénéfice de l’Œuvre Nationale de Secours. Rappelons que cet appel à la générosité avait permis à celle-ci d’accomplir sans tarder ses missions philanthropiques notamment au service de la population meurtrie et en particulier des nombreuses victimes de la guerre.

Fidèle à son approche inclusive, l’Œuvre est fière d’avoir pu accueillir à l’occasion de cette célébration LL.AA.RR. le Grand-Duc héritier et la Grande-Duchesse héritière et rassembler tant le large spectre des représentants des autorités publiques que les nombreux ressortissants de la société civile, bénéficiaires de l’Œuvre.

Le déroulement des autres commémorations, programmées tout au long de l’année 2020, a par la suite été heurté par les mesures sanitaires se greffant sur la pandémie. Ils ont soit été reportées sur l’axe du temps, soit ont dû être annulées.

Il en a été ainsi notamment de l’exposition photographique au Cercle Cité, documentant sur la base de quelques expériences vécues, les souffrances endurées pendant leur périple et les conditions de vie des réfugiés accueillis par notre pays au cours de la crise migratoire. L’initiative « mateneen », lancée dès 2015 par l’Œuvre et devant faciliter l’intégration des demandeurs de protection internationale ayant fui la guerre et la misère, a assuré la légitimité à cette action de sensibilisation.

Un « Knowledge Café », exercice de « brainstorming » entre acteurs de la société civile et de l’Œuvre a été reporté ; il aura lieu au cours des mois à venir.

Une manifestation programmée en l’honneur de la société civile et de l’engagement bénévole a dû être annulée.

Mais la crise de la covid-19 a confronté l’Œuvre à d’autres défis de taille, il s’agissait notamment d’adapter la gouvernance de l’Œuvre et de la Loterie Nationale aux prescriptions sanitaires tout en maintenant un niveau élevé des activités dans le but de venir en aide aux personnes les plus vulnérables et les plus touchées par la crise. Les moyens mis en œuvre à cette fin font d’ailleurs l’objet d’une contribution détaillée plus loin dans ce rapport.

Enfin, au cours de l’année 2020 le Conseil d’administration, partiellement reconstitué, a organisé ses travaux et défini ses priorités pour la mandature en cours. Ainsi, à côté des activités bien rodées dans les domaines du social, de la culture, de l’environnement et du sport-santé, l’Œuvre portera une attention particulière aux jeunes et notamment aux plus fragilisés d’entre eux, elle essayera de contribuer à obtempérer les conséquences pour les moins bien lotis découlant de la pénurie des logements. L’Œuvre vouera aussi un intérêt tout particulier au travail de mémoire, notion comprise dans une dimension extensive.

Fort de la mise en place d’une équipe élargie au sein du Secrétariat permanent, le Conseil d’administration a redoublé d’efforts pour faire adapter l’environnement législatif et réglementaire relatif à l’Œuvre et à la Loterie Nationale aux nouvelles donnes, d’un côté, et pour structurer davantage sa gouvernance, de l’autre.

Ce bilan succinct dressé, il me revient de remercier vivement de leur engagement les membres tant du Conseil d’administration et du personnel de l’Œuvre et de la Loterie Nationale que des nombreux jurys et comités mis en place pour accompagner et conseiller les organes décisionnels de l’Œuvre dans l’accomplissement de leurs nombreuses missions.

J’aimerais enfin exprimer les compliments de l’Œuvre à l’égard de toutes les personnes ayant combattu la pandémie et accompagné les malades, atténuant ainsi les conséquences de cette redoutable maladie. Espérons que l’année en cours verra la pandémie enrayée, voire vaincue tant chez nous qu’ailleurs en Europe et dans le monde. Relever ce défi constitue, en effet, un préalable au regain d’une vie sociétale qui ne soit plus préjudiciable à la santé mentale et physique en particulier des jeunes qui ont trop souffert de cette crise. Espérons au-delà que notre collectivité saura tirer les justes enseignements de cette crise dans le but de rendre notre société plus forte et plus solidaire pour l’avenir.

Pierre Bley,

Président du Conseil d’administration